Bonjour, svp il me faudrait un commentaire de texte qui répond à aux question suivante: des familles montées de manière comique et critique de la situation sociale ?
Une satire de la vie paysanne
1
ironie
«Aux champs conte la vente par la famille Vallin d'un de ses enfants à
um couple bourgeois stérile contre une rente. Les Tuvache, à qui on avait fait
la même proposition et qui l'avaient refusée, ne tardent pas à jalouser leurs
voisins. La nouvelle s'ouvre sur la description des deux chaumières.
Les deux chaumières étaient côte à côte, au pied d'une colline,
proches d'une petite ville de bains] Les deux paysans besognaient dur
sur la terre inféconde pour elever tous leurs petits. Chaque ménage en
avait quatre. Devant les deux portes voisines, toute la marmaille
s grouillait du matin au soir. Les deux aînés avaient six ans et les deux
cadets quinze mois environ, les mariages, et, ensuite, les naissances
s'étaient produits à peu près simultanément dans l'une et l'autre
maison.
Les deux mères distinguaient à peine leurs produits dans le tas; et
10 les deux pères confondaient tout à fait. Les huit noms dansaient dans
leur tête, se mêlaient sans cesse; et, quand il fallait en appeler un, les
hommes souvent en criaient trois avant d'arriver au véritable.
La première des deux demeures, en venant de la station d'eaux de
Rolleport, était occupée par les Tuvache, qui avaient trois filles et un
15 garçon l'autre masure abritait les Vallin, qui avaient une fille et trois
garçons.
Tout cela vivait péniblement de soupe, de pommes de terre et de
grand air. À sept heures, le matin, puis à midi, puis à six heures, le soir,
les ménagères réunissaient leurs mioches pour donner la pâtée,
20 comme des gardeurs d'oies assemblent leurs bêtes. Les en-
fants étaient assis par rang d'âge, devant la table en bois,
vernie par cinquante ans d'usage. Le dernier moutard avait
à peine la bouche au niveau de la planche. On posait devant
eux l'assiette creuse pleine de pain molli dans l'eau où
25 avaient cuit les pommes de terre, un demi-chou et trois oi-
gnons; et toute la lignée mangeait jusqu'à plus faim. La
mère empâtait elle-même le petit. Un peu de viande au pot-
au-feu, le dimanche était une fête pour tous; et le père, ce
jour-là, s'attardait au repas en répétant : « Je m'y ferais bien
30 tous les jours. »>
GUY DE MAUPASSANT, « Aux champs », Contes de la bécasse, 1883.