Bonjour, j'ai une question pour mon oral de brevet qui est dans une semaine et qui parle du harcèlement. - Pourquoi le harcèlement n'est pas assez pris au sérieux ?
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mesirasaglam952
J'ai voulu commencer par répondre "rho c'est bon encore du prof-bashing, l'éducation nationale fait de son mieux arrêtez !". Et puis je me suis rappelé des choses dont j'ai été témoin, directement ou indirectement, des décisions qui ont été prises, et je crois que même si le problème est plus complexe, oui, il faut faire aveux d'échec et se dire que tout n'est pas toujours fait. Pourquoi ? Voici ce que je peux faire ressortir de mon expérience en collège/lycée.
Je vais commencer par faire ce que je ne devrais pas. Parler du statut de la victime du harcèlement. Mon expérience me montre que parfois, ce sont les plus enquiquinant des élèves qui viennent pleurer des larmes de crocodiles.
-M'sieur il m'a tapé"
Et quand on fouille un peu, l'élève frappé passe ses récrés à insulter tout le monde jusqu'à ce que quelqu'un craque et lui en colle une. En général ce genre de cas se règle facilement et ne va pas jusqu'au harcèlement mais c'est pour vous faire comprendre qu'un des premiers réflexe qui peut arriver c'est "qu'a fait cet élève pour mériter d'être harcelé ?". On part donc, nous, adultes, avec un biais de pensée qui inconsciemment va nous faire minimiser le harcèlement. C'est une erreur. Malheureusement, je crois que nous la faisons tous et il suffit d'observer les réactions sur les réseaux sociaux face à des parents qui révèlent des cas de harcèlement : certains condamnent, certains défendent les harceleurs parce que "l'autre le mérite". On peut d'ailleurs étendre ce propos au harcèlement sexuel, voire au viol. Combien pensent encore aujourd'hui que "oui bon ok elle a été harcelée mais bon elle est habillée de manière provocante faut dire !".
Mais en réalité, une fois qu'on a identifié cette mauvaise manière de penser et qu'on cesse de remettre en cause le statut de la victime, les choses deviennent plus simple. Encore que…. Laissez moi vous parler d'un cas que j'ai connu et dont je me demande encore aujourd'hui comment il aurait fallu faire dans un monde idéal.
J'ai eu un élève qui, en première, a fait son coming-out. S'avouer ouvertement homosexuel à cet âge là, c'est faire preuve de courage, mais aussi, automatiquement, se placer dans une position de victime potentielle. Cas facile à traiter en théorie étant donné que l'homophobie est condamnée par la loi. Mais cet élève a été plus loin : il venait régulièrement en cours maquillé et en robe ou en jupe. Au delà du côté provoc', classique à son âge, il avait, derrière ses actes, un vrai discours raisonné. Il ne se sentait aucunement femme, il savait être un homme homo, et assumait ce qu'il était. Mais il revendiquait une certaine liberté d'être, basé sur des théories des genres. Pour avoir discuté avec lui, cet élève tenait vraiment un discours raisonné. Il avait pleinement conscience de sa posture, la savait déplacée selon les normes mais revendiquait le droit de s'affranchir de ces normes. Bien évidemment, cet élève est devenu une cible privilégié ! Nous, en tant qu'adultes, on a dû gérer un beau bordel. Devions-nous interdire à l'élève de venir comme cela en classe ? Au nom de quoi ? Sa conduite n’enfreignait pas le règlement intérieur, ni d'ailleurs aucune loi.
Les heures de retenues pleuvaient sur ceux qui s'en prenaient à lui mais rien n'y faisait. On a essayé de le raisonner, rien n'y fit. Les parents ont été convoqués : ils soutenaient la démarche de leur fils et nous demandaient de le protéger, ce qui effectivement était notre rôle. Les parents de ceux qui le harcelaient ont été convoqués, cela calmait les esprits mais trop temporairement. La communauté des élèves dans son ensemble était divisée, parce que beaucoup défendait cet élève dans cette démarche. Il était d'ailleurs intéressant de noter que cette lutte pour l'identité n'avait rien de "genrée" au quotidien. C'était beaucoup plus compliqué que : les filles le défendent et les garçons s'en prennent à lui..
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Et puis je me suis rappelé des choses dont j'ai été témoin, directement ou indirectement, des décisions qui ont été prises, et je crois que même si le problème est plus complexe, oui, il faut faire aveux d'échec et se dire que tout n'est pas toujours fait. Pourquoi ? Voici ce que je peux faire ressortir de mon expérience en collège/lycée.
Je vais commencer par faire ce que je ne devrais pas. Parler du statut de la victime du harcèlement. Mon expérience me montre que parfois, ce sont les plus enquiquinant des élèves qui viennent pleurer des larmes de crocodiles.
-M'sieur il m'a tapé"
Et quand on fouille un peu, l'élève frappé passe ses récrés à insulter tout le monde jusqu'à ce que quelqu'un craque et lui en colle une. En général ce genre de cas se règle facilement et ne va pas jusqu'au harcèlement mais c'est pour vous faire comprendre qu'un des premiers réflexe qui peut arriver c'est "qu'a fait cet élève pour mériter d'être harcelé ?". On part donc, nous, adultes, avec un biais de pensée qui inconsciemment va nous faire minimiser le harcèlement. C'est une erreur. Malheureusement, je crois que nous la faisons tous et il suffit d'observer les réactions sur les réseaux sociaux face à des parents qui révèlent des cas de harcèlement : certains condamnent, certains défendent les harceleurs parce que "l'autre le mérite". On peut d'ailleurs étendre ce propos au harcèlement sexuel, voire au viol. Combien pensent encore aujourd'hui que "oui bon ok elle a été harcelée mais bon elle est habillée de manière provocante faut dire !".
Mais en réalité, une fois qu'on a identifié cette mauvaise manière de penser et qu'on cesse de remettre en cause le statut de la victime, les choses deviennent plus simple. Encore que…. Laissez moi vous parler d'un cas que j'ai connu et dont je me demande encore aujourd'hui comment il aurait fallu faire dans un monde idéal.
J'ai eu un élève qui, en première, a fait son coming-out. S'avouer ouvertement homosexuel à cet âge là, c'est faire preuve de courage, mais aussi, automatiquement, se placer dans une position de victime potentielle. Cas facile à traiter en théorie étant donné que l'homophobie est condamnée par la loi. Mais cet élève a été plus loin : il venait régulièrement en cours maquillé et en robe ou en jupe. Au delà du côté provoc', classique à son âge, il avait, derrière ses actes, un vrai discours raisonné. Il ne se sentait aucunement femme, il savait être un homme homo, et assumait ce qu'il était. Mais il revendiquait une certaine liberté d'être, basé sur des théories des genres. Pour avoir discuté avec lui, cet élève tenait vraiment un discours raisonné. Il avait pleinement conscience de sa posture, la savait déplacée selon les normes mais revendiquait le droit de s'affranchir de ces normes. Bien évidemment, cet élève est devenu une cible privilégié ! Nous, en tant qu'adultes, on a dû gérer un beau bordel. Devions-nous interdire à l'élève de venir comme cela en classe ? Au nom de quoi ? Sa conduite n’enfreignait pas le règlement intérieur, ni d'ailleurs aucune loi.
Les heures de retenues pleuvaient sur ceux qui s'en prenaient à lui mais rien n'y faisait. On a essayé de le raisonner, rien n'y fit. Les parents ont été convoqués : ils soutenaient la démarche de leur fils et nous demandaient de le protéger, ce qui effectivement était notre rôle. Les parents de ceux qui le harcelaient ont été convoqués, cela calmait les esprits mais trop temporairement. La communauté des élèves dans son ensemble était divisée, parce que beaucoup défendait cet élève dans cette démarche. Il était d'ailleurs intéressant de noter que cette lutte pour l'identité n'avait rien de "genrée" au quotidien. C'était beaucoup plus compliqué que : les filles le défendent et les garçons s'en prennent à lui..